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Après MBS, la question libanaise entre Macron et Biden

Emmanuel Macron semble toujours faire du dossier libanais l’une de ses priorités. Le président français intensifie ses contacts avec les autres pays influents sur la scène locale, dont les États-Unis et l’Arabie saoudite, pour que le pays du Cèdre se dote d’un nouveau chef de l’État. Sauf qu’à ce stade, aucune percée significative ne pointe à l’horizon, les priorités internationales étant ailleurs (notamment avec la guerre en Ukraine et la crise du gaz qui en découle). Après avoir évoqué le dossier libanais avec le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane (MBS), à deux reprises (vendredi en marge du sommet de l’APEC à Bangkok et quelques jours auparavant lors d’un entretien téléphonique), M. Macron évoquera la crise politique au Liban avec son homologue américain, Joe Biden, lors d’une rencontre prévue dans une quinzaine de jours. « Emmanuel Macron effectuera cette démarche en partant du constat qu’il faut faire bouger les choses. Mais pourra-t-il les faire bouger ? » commente pour L’Orient-Le Jour une source diplomatique libanaise basée à Paris. L’entretien entre les deux présidents pourrait ne pas mener à grand-chose, et il n’est toujours pas question d’une initiative politique dans le vrai sens du terme en faveur du Liban.

 

Il n’en demeure pas moins que cette activité diplomatique dénote, selon plusieurs observateurs, une volonté de Paris de sortir le Liban de l’impasse actuelle, avec un feu vert – implicite – de la part de Washington. « Il est normal que la France ne lâche pas le Liban en cette période de crise, surtout que le pays se dirige à grands pas vers la disparition de l’État », souligne la source diplomatique citée plus haut, rappelant qu’Emmanuel Macron « est le seul leader qui suit encore le dossier libanais, qui lui tient à cœur ». Parallèlement aux efforts français, la diplomatie arabe semble s’activer aussi. C’est sous ce prisme qu’il faut envisager les propos tenus mercredi dernier depuis Bkerké par l’ambassadeur d’Égypte à Beyrouth Yasser Alaoui. « Cette vacance à la tête de l’État est indigne du peuple libanais. Cette échéance doit passer de la phase de négociations officieuses à la phase de pourparlers directs et sérieux entre les composantes du Parlement », avait lancé le diplomate.

Le dialogue de Berry

 

Sauf que les composantes libanaises ne semblent toujours pas prêtes à jouer cartes sur table. Le camp de l’opposition n’arrive pas à unifier ses rangs derrière un même candidat, et celui mené par le Hezbollah est déchiré par les guéguerres entre le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et son rival Sleiman Frangié, les deux alliés chrétiens du parti de Dieu, perçus comme de sérieux présidentiables. Avec un bloc de 17 députés (sans compter les trois du Tachnag), Gebran Bassil est conscient de sa position de force sur l’échiquier politique. Il continue donc de donner du fil à retordre au parti de Dieu en refusant d’appuyer la candidature de M. Frangié, le favori toujours non déclaré du parti de Hassan Nasrallah. C’est ce message que le CPL a voulu véhiculer au Hezbollah à travers la dernière vidéo fuitée de Gebran Bassil.

S’exprimant devant les cadres aounistes établis à Paris, M. Bassil s’en est pris au leader de Zghorta, réitérant son “niet” catégorique à son encontre, « même si tout le monde voterait pour lui ». La vidéo fuitée du leader du CPL a été interprétée comme porteuse d’un message, non seulement en direction du Hezbollah mais aussi de Paris : Sleiman Frangié (privé jusqu’ici de l’appui des Forces libanaises de Samir Geagea) ne pourra accéder à Baabda sans le soutien du parti orange, en dépit de tous les efforts politiques locaux et internationaux déployés en sa faveur. Gebran Bassil semble avoir expressément voulu faire parvenir sa position d’autant que Paris – la seule puissance occidentale qui adopte une politique d’ouverture à l’égard de toutes les parties libanaises, dont le Hezbollah – ne verrait pas d’un mauvais œil un accord autour de la candidature du leader des Marada. Une figure politique qui suit de près le dossier de la présidentielle affirme ainsi que « les Français n’ont pas de problème à voir M. Frangié accéder à la tête de l’État ». « Le nom du chef des Marada circule dans les coulisses parmi plusieurs autres », tempère un diplomate libanais sous le couvert de l’anonymat, affirmant que « l’heure n’est pas encore à une décision finale, notamment pour ce qui est des noms ».

 

Rien n’est donc à attendre de la prochaine séance parlementaire consacrée à l’élection du chef de l’État, jeudi prochain. « Je vais donner aux députés une chance jusqu’à fin décembre pour arriver à une entente », affirme le chef du législatif, Nabih Berry, contacté par notre journal. « Si d’ici à la nouvelle année, aucune éclaircie ne se profile à l’horizon, je ne resterai pas les bras croisés », dit-il, soulignant qu’il pourrait convoquer de nouveau à un dialogue élargi. Le leader chiite avait déjà invité les protagonistes au dialogue avant la fin du mandat de Michel Aoun, mais son initiative s’était heurtée au double veto chrétien des FL et du CPL, qui disent accorder la priorité absolue à la présidentielle. « Si une entente interne n’est pas conclue le plus rapidement possible, aucune action diplomatique extérieure ne pourra faire l’affaire », insiste M. Berry.

Yara abi akl- l’Orient Le Jour

 

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