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“Le Hezbollah et le Hamas exécutent un même agenda”

OLJ

Que pèse le mouvement palestinien Hamas au Liban ? Depuis quand y a-t-il mis les pieds ? Ces questions se posent depuis l’escalade survenue jeudi au Liban-Sud à la suite de tirs de roquettes depuis cette région en direction d’Israël, qui a réagi par des raids aériens ciblant “des infrastructures du Hamas” dans la zone de Rachidiyé, près de Tyr, selon un communiqué publié vendredi par l’armée israélienne.

Cette riposte limitée et calculée dénote une volonté israélienne d’éviter le scénario d’une guerre contre le Hezbollah. Le secrétaire général de ce parti, Hassan Nasrallah, avait récemment agité le spectre de “l’unité des fronts”, et les roquettes sont tombées en Israël quelques heures seulement après l’arrivée au Liban d’Ismaïl Haniyé, chef du Hamas. Ces tirs ont eu lieu au lendemain de l’irruption violente mercredi de la police israélienne dans la mosquée al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam, afin d’en déloger des Palestiniens qui s’y étaient barricadés.

À quel point le Hezbollah est-il impliqué dans ces événements ? Nizar Abdel Kader, expert militaire à la retraite, répond aux questions de L’Orient-Le Jour.

Que sait-on de la présence du Hamas au Liban ?

Je n’ai pas de données chiffrées à ce sujet. Mais je peux affirmer que le mouvement est présent au Liban depuis l’an 2000. Il avait même un représentant à Beyrouth (une allusion notamment à Oussama Hamdane, qui a longtemps occupé ce poste ndlr). Le Hamas n’est cependant pas le mouvement palestinien le plus présent au Liban, son principal concurrent, le mouvement Fateh, étant actif dans tous les camps de réfugiés et ayant établi une coordination avec les autorités libanaises.

Le Hamas est beaucoup plus concentré dans la région de Tyr. Ce n’est pas la première fois que ce mouvement tire des roquettes depuis le Liban en direction d’Israël. Cela me pousse à poser la question suivante : pourquoi les autorités libanaises ont-elles autorisé Ismaïl Haniyé à entrer sur leur territoire ? S’agit-il d’un message politique ?

Quelle relation y a-t-il entre le Hamas et le Hezbollah ?

Les deux partis exécutent un même agenda : celui de l’Iran, dont ils sont les bras armés dans la région. Le Hamas et le Hezbollah entretiennent une relation de coordination et de collaboration. Mais cela signifie-t-il que le parti de Dieu était au courant de l’escalade jeudi à la frontière libano-israélienne ? Répondre à cette question à ce stade reviendrait à évaluer les intentions. Mais le Hezbollah a rapidement déclaré n’avoir aucun lien avec l’incident parce qu’il ne veut pas d’une guerre jugée inopportune.

Cette escalade s’inscrit-elle dans la stratégie de “l’unité des fronts”, récemment évoquée par Hassan Nasrallah ?

Ce qui s’est passé jeudi s’inscrit dans le prolongement de l’escalade observée récemment entre Palestiniens et Israéliens, notamment à la mosquée al-Aqsa. Il s’agit d’une façon pour le Hamas d’accentuer la pression sur Israël. Pour atteindre cet objectif, il a clairement fallu surprendre Israël en secouant le front nord du pays, c’est-à-dire dans la zone la plus sûre de l’Etat hébreu, où les habitants sont désormais habitués au calme. D’autant que depuis la guerre de 2006 avec le Hezbollah, aucune escalade sérieuse n’a été enregistrée dans cette région à l’exception d’un incident à Adaïssé en 2010.

Pour ce qui est du Hezbollah, sa décision d’accepter la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU a clairement signifié que le conflit de 2006 était la dernière (véritable) guerre entre les deux camps. Preuve en est, lorsqu’Israël et le Hezbollah sentaient le besoin de se faire passer des messages politiques et militaires, ils se lançaient des roquettes dans des ‘no man’s land’ aux frontières. Il faut toutefois préciser qu’Israël ne peut pas rester les bras croisés face à une agitation au niveau de la Ligne bleue, qui délimite la séparation avec le Liban. D’où sa riposte précise et calculée de vendredi matin.

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